« Humans 2.0 » – La puissance artistique d’une espèce

Françoise Boudreault

Elles et ils se tiennent et se soutiennent, se prennent et se reprennent, se manipulent les uns les autres. Pour notre plus grand plaisir, les 10 acrobates de C!RCA interprètent une chorégraphie complexe et fort captivante. Elles et ils s’élancent d’une colonne à deux à l’autre, les rattrapes sont inventives : à dix personnes, les possibilités se multiplient et la recherche acrobatique a porté fruit. Humans 2.0 est à voir sans hésitation pour la richesse du langage acrobatique et pour l’interprétation sans faille et d’une grande fluidité.

Dixième spectacle présenté par C!RCA à Montréal, Humans 2.0 s’inscrit dans une incursion américaine de la prolifique compagnie australienne de cirque contemporain. Sacre, autre oeuvre réalisée par Yaron Lifschitz présenté récemment au Diamant de Québec, sera bientôt à Lake Placid et ensuite Humans 2.0 ira à Charleston ; souhaitons leur aux États-Unis un accueil aussi chaleureux que celui lors de la première à la TOHU. 

Dès le début de la représentation, le public applaudit fréquemment ; les figures sont impressionnantes et la sortie de certaines colonnes à trois bien trouvées. La prouesse épate, mais en plus, le travail collectif est exemplaire. S’il y a de brillants solos, ce sont les figures et séquences de groupe qui font la force du spectacle. Il s’en dégage parfois une certaine rudesse, lorsqu’ils escaladent leurs partenaires par exemple, mais aussi un esprit de corps d’où émane une certaine douceur comme dans le numéro où les acrobates se succédent sur un trapèze triangle. On pourrait parler aussi de l’expressivité du solo de sangles, sur une musique répétitive, avec sa gestuelle saccadée, davantage en flexibilité qu’en force ou du numéro de corde lisse, d’une grande maîtrise, qui nous paraît empreint de calme. Dans plusieurs figures de groupe, les acrobates se soutiennent mutuellement et un seul corps peut-être manipulé par plusieurs paires de main avec une touchante délicatesse pour adopter des figures inusitées.

Alors que dans Sacre, une autre oeuvre fascinante de C!RCA vue à Québec, les interprètes paraissaient sérieux, inexpressifs à la limite, on les sent plus détendus dans Humans et les acrobates deviennent même plus souriants à mesure que le spectacle avance. Humans 2.0 ravira les amateurs de cirque pour la complexité de l’écriture acrobatique et la virtuosité de l’interprétation.