Révolte ou Tentative de l’échec – Ouverture du festival Circa

2024_10_21-1-Revolte-059_Kalimba.jpg
Violaine Garros et Johanne Humblet dans "Résiste ou Tentatives de l'échec" par Les filles du renard pâle - Photo Kalimba
2024_10_21-2-Revolte-005_Kalimba.jpg
La roue giratoire dans "Résiste ou Tentatives de l'échec" par Les filles du renard pâle - Photo Kalimba
2024_10_21-3-Revolte-035_Kalimba.jpg
Violaine Garros et Johanne Humblet dans "Résiste ou Tentatives de l'échec" par Les filles du renard pâle - Photo Kalimba
21 octobre 2024,

Françoise Boudreault

En ouverture de la 37e édition du Festival Circa, Les filles du renard pâle ont cassé la baraque dans le magnifique Dôme du CIRC (Centre d’innovation et de recherche circassienne) à Auch. Dans cette ville que traverse le Gers aux rives verdoyantes, Circa Pôle National Cirque Auch Gers Occitanie tient chaque année son festival consacré au cirque actuel. La programmation de l’événement offre un panorama de la vitalité du cirque actuel français avec une vingtaine de spectacles en salle, en extérieur ou sous chapiteau.

Révolte à Auch

Les filles du renard pâle est une compagnie initiée en 2016 par Virginie Fremaux et Johanne Humblet. Cette dernière, fildefériste et funambule d’origine belge, assure la direction artistiques de la compagnie. Révolte est le dernier volet d’une trilogie amorcée avec Résiste (2019) et poursuivie avec Respire (2021).

Oeuvre au déploiement imposant, Révolte joue avec les corps autant que la mécanique des agrès et nous propulse dans un univers à l’énergie dense. Un cirque aux pulsations rock avec la musique de Fanny Aquaron aux claviers ainsi que le violon et la voix profonde de Annelies Jonkers avec des inflexions à la Betty Bonnifassi. En début de spectacle, deux acrobates évoluent attachées à des bungees dans un filet en avant-scène ou s’y font projeter, surgissant de l’obscurité. Une fois ce filet disparu, Johanne Humblet saute sur son fil à partir du sol, y rebondit et virevolte d’improbables façons, rejointe par Violaine Garros. Une troisième acrobate, Marika Marinoni, apparaît dans une roue giratoire dont des rouages permettent à la fois la rotation et la translation sur deux axes. Cet appareil circulaire, dans un espace lumineux légèrement en retrait, évoque la réflexion intense. Les textes sont les paroles en anglais qui accompagnent la musique du spectacle.

Dans Résiste, le fil de fer sert de chemin autant que de support, le balancier devient une extension de l’agrès pour que les acrobates s’y suspendent ou le fixent pour le faire tourner à partir de son centre. Grâce à un autre dispositif avec des cordes et un beaudrier, les actions acrobatiques semblent se jouer des lois de la gravité, notamment pendant des scènes de combats où des cris ponctuent les efforts. Côté cour, un jeu de câbles à vue avec des systèmes de contrepoids nous révèle la mécanique de toute cette magie captivante.

Avec ses tableaux enveloppés de pénombre et de brume, Révolte crée des images poétiques et dynamiques défiant l’apesanteur. L’endroit rencontre l’envers, les corps s’envolent, s’emboîtent, tournent sur eux-mêmes, s’opposent ou s’étreignent et la chute précède l’ascension. Si l’idée de révolte renvoie à l’antagonisme et à la colère, elle suppose aussi le courage de se tenir debout pour lutter contre l’immobilisme nuisible à l’évolution des idées. Créatrice inspirée et certainement inspirante, Johanne Humblet s’entoure d’acolytes de talent pour donner force à une œuvre magistrale, une Révolte comme métaphore de la posture d’une circassienne exceptionnelle qui affirme sa liberté d’artiste accomplie.

.