Françoise Boudreault
Au début du spectacle, les chants d’insectes et d’oiseaux se font entendre dans une lumière matinale aux accents dorés de l’Afrique de village où nous convie le Cirque Kalabanté. Afrique en cirque s’ouvre sur des structures de branches, de tissus, de cordes et de toiles, baraques ouvertes d’un lieu où passeront les acrobates-danseurs, qui abritera un bassiste, un saxophoniste, un batteur et le chef de la troupe, acrobate autant que musicien, au centre de la scène et du spectacle.
Beaucoup de musique et de danse dans cette production qui met en scène huit hommes et une femme. Le son de la cora – adroitement jouée par Yamoussa Bangoura – mêlé aux inflexions jazzées du saxophone s’accordent aux pulsations de la basse et la batterie pour donner une musique aux couleurs uniques. Sans oublier les nombreuses percussions, présentes tout au long du spectacle, les tambours servant même, avec des planches, à fabriquer une pyramide sur laquelle s’érigera une autre pyramide, humaine cette fois.
Au fil des des changements de costumes et des entrées et sorties de matériel, les tableaux d’Afrique en cirque alternent entre quiétude et grande vigueur pour amener le spectateur au marché, à la pêche ou à une veillée de conte. Avec un quatuor à l’énergie sans faille, l’acrobatie au sol s’accorde au masculin avec Alya Sylla, Yamoussa Soumah, Abdoul Karim Bangoura et Ismaël Bangoura dont les prestations survoltées atteignent une sorte de paroxysme acrobatique. Qu’il s’agisse d’exécuter une colonne à trois ou de construire une pyramide, les acrobates paraissent d’une incroyable légèreté quand ils sautent sur les épaules d’un partenaire ou s’élancent pour faire leurs saltos, backflips, vrilles, sideflips et autres acrobaties sur des rythmes endiablés.
Avec ses boléadores, Sabine Jean tire son épingle du jeu de façon exceptionnelle malgré l’espace limité où elle évolue, souvent de profil, entre les tapis de gymnastique et l’extrémité avant du plateau. Un choix de mise en scène qui met l’artiste en avant, certes, mais qui réduit les mouvements d’une discipline capable d’espace et d’une amplitude que nous a déjà fait connaître Sabine Jean, notamment l’été dernier sous chapiteau à la TOHU, justement avec Kalabanté.
Les artistes sourient, font des signes et des oeillades aux spectateurs, qu’ils sollicitent à applaudir, répondre, taper des mains ou chanter : en Afrique, le public fait partie du spectacle nous dit Yamoussa Bangoura. Mercredi soir dernier, la salle était conquise à la fin du spectacle et les personnes présentes ont salué debout les artistes et la 105è représentation d’Afrique en cirque.