Françoise Boudreault
Depuis son premier cabaret à l’Église St-Jax en 2018, Le Monastère se développe : le lieu de culte en est devenu un d’entraînement de cirque et cet été, le terrain de la fabrique a servi de plateforme de diffusion 3D dans un environnement avec verdure, joliment aménagé. Du début du mois d’août jusqu’à fin septembre, des prestations de cirque ont eu lieu dans le jardin de l’Église St-Jax, au centre-ville de Montréal, à proximité de l’Université Concordia. À la source de cette heureuse initiative, Le Monastère a permis à une bonne douzaine d’artistes de performer leurs numéros, parmi lesquels Valérie Doucet, Stéphane Gentilini, Evelyne Laforest, Nadine Louis ou Alexis Vigneault (voir photos).
In extremis, le 26 septembre, juste avant que Montréal ne se retrouve en zone rouge, Le Monastère a présenté, en début de soirée et en mode distanciation, son ultime cabaret de 2020 dans le jardin de l’église St-Jax. Rappelons que le cabaret est la formule de prédilection du Monastère : une suite de numéros de cirque mettant en valeur chaque artiste pour sa créativité, son style et sa technique, avec un ou deux MC, il va sans dire. Les Deux de pique, Tamara Bousquet et Philippe Trépanier, ont rigolotement animé ce cabaret avec gouaille et une bonne dose de kitsch en snowbirds de la famille GoldenCrust. Pendant cette douce soirée, sursaut de l’été en début d’automne, les spectateurs assis dans le jardin et les autres debout dans la rue Sainte-Catherine ont apprécié des acrobates à l’oeuvre dans huit numéros de haut calibre. Voir un spectacle vivant assise dans des chaises de jardin confortables (et désinfectées) avec un son adéquat (pas trop fort) et un éclairage bien intégré à l’environnement urbain est une denrée rare et savoureuse, pas seulement en pandémie, dont les spectateurs de ce cabaret d’automne se sont délectés.
Trois numéros d’aérien très forts dont celui de Guillaume Paquin aux sangles, qui allie la fluidité de mouvement à la force, et celui au tissu-loop de l’unique Marjorie Nantel. Celle-ci présente aussi son numéro de contorsion et d’équilibre dans un bain, où elle se meut en torsions extrêmes et étranges, en gestes rapides et précis, telle une créature inimitable. Aériennes également, avec leur sphère vue dans Axel, les soeurs Buyankhishig et Suvda Ganbaatar excellent dans les équilibres avec deux chaises. Dans la majorité des numéros, on note une forte présence de grande flexibilité ou de contorsion.
En attendant le prochain Cabaret, prévu en mars 2021, si tout va bien, soyons patients. En regardant nos écrans 2D, rappelons-nous de ces bons moments de septembre, quand le cirque pouvait se voir à trois dimensions, en chair et en os.
Cirque dans l’île
Pendant ce temps, Éloize présentait son cirque à l’Île Sainte-Hélène, sur une scène aménagée au parc Jean-Drapeau. Le Maître-Nageur (LifeGuard) réunissait un trio de danseuses, un clown-animateur maître-nageur et cinq acrobates, trois gars deux filles. Avec une imagerie un tantinet rétro de la plage idéale, des vacances avec une ambiance bon enfant et une musique qui donne envie de faire la fête, le spectacle donne à voir clowneries, hula hoop, patin à roulettes en duo et jonglerie. Sans oublier Laurence Tremblay-Vu dansant sur son fil de fer au rythme d’une musique aux accents latinos et qui fait rire quand il exécute à la demande du despotique maître-nageur une série de pompes acrobatiques. Trente minutes vite passées pour cette production de qualité qui aurait mérité davantage de public en cette autre chaude journée de fin septembre.
Publié le 9 octobre 2020.