Françoise Boudreault
Si la tradition acrobatique est davantage dans les moeurs ici, comparativement à l’Europe ou aux États-Unis, le cirque dit “traditionnel” est peu présent au Québec. Certains cirques avec animaux tournent parfois dans la province, mais c’est rare. Le Cirque du Soleil est un peu devenu notre cirque traditionnel, néo-classique on pourrait dire. Nous ne connaissons pas certaines réalités circassiennes pourtant familières en Europe où, pandémie oblige, plusieurs troupes ou familles de gens du voyage se retrouvent en confinement dans leurs quartiers d’hiver ou sur la route, parfois dans la ville où ils ont donné leurs dernières représentations. Certains ont des animaux, d’autres pas.
Traditionnels, classiques, nouveaux ou contemporains, peu importe l’appellation qu’on leur donne, toutes les troupes de cirque de la planète sont en ce moment paralysées. Des initiatives amènent le cirque vers les gens, qu’il s’agisse de spectacles devant des immeubles où les gens sont en confinement en Europe ou de parades dans les ruelles du quartier Hochelaga à Montréal.
Pour oublier un peu le présent, plongeons dans le vingtième siècle avec quelques propositions de visionnement de classiques du cirque ou de cirque traditionnel.
Dans une perspective historique, le site Néerlandais Circus Web diffuse en ligne un documentaire en deux parties sur la Dynastie Knie, réalisé par la SRF (Schweizer Radio und Fernsehen) pour souligner le centième anniversaire du statut de Cirque national Suisse. La famille tourne en Europe depuis 1803. Majoritairement en allemand, parfois en italien ou en français, le film prend des allures de reportage avec des entrevues, des séquences de la vie de tous les jours en tournée ou à Rapperswil, des images d’archives et aussi des scènes cinématographiques. Trois heures en tout.
L’ONF a mis en ligne des productions reliées à un cirque plus ancien. L’animation Le Géant, trace en deux minutes et demie le portrait d’Édouard Beaupré, décédé tragiquement jeune : la marquante figure légendaire du Géant Beaupré. Daté de 1974, High Grass Circus (une heure en anglais) montre la vie en tournée d’un cirque traditionnel canadien, incluants ses aspects peu reluisants. Plus proche de nous, en 1989, Nathalie Petrowski a réalisé Un cirque en Amérique sur les débuts du Cirque du Soleil aux États-Unis, aussi en version anglaise.
Abonnés à l’extra de tou.tv, vous pouvez voir le 43e festival international de cirque de Monte Carlo (2019) avec de très bons numéros et, surtout dans les scènes de groupe, une extravaganza de costumes à l’aune du bling bling familier de l’événement.
Peu de films ou documentaires concernant le cirque sur Netflix. En ce moment, pendant presque deux heures, Mehandi Circus vous fera voyager en Inde. En tamoul sous-titré en anglais, le film aux accents Bollywoodiens raconte une histoire d’amour, impossible il va sans dire, entre une artiste de cirque et un vendeur de cassettes. Peu d’images de ce petit cirque sans animaux avec une troupe d’une dizaine d’artistes, mais beaucoup de couleurs et d’exotisme malgré un rythme lent, le jeu et les scènes prévisibles.
Certaines productions sont disponibles quelques semaines sur Netflix puis disparaissent, comme American Experience : The Circus. Ce documentaire en anglais dépeint le contexte commercial et social d’une forme de cirque dont le gigantisme et l’inhabituel faisaient partie de la marque de commerce. Pendant les deux parties de deux heures chaque, il est beaucoup question de Phineas Barnum, de James Bailey, des Ringling, de tournées à travers le monde par bateau, de railroad shows, de dressage d’éléphants. Deux épisodes d’environ deux heures avec certes une dimension sociologique, mais aussi avec un esprit américain qui met l’emphase sur la démesure et les aspects financiers de ces entreprises qui font maintenant partie du passé.
Toujours dans la langue de Shakespeare, la MGM a réalisé en 1932 un reportage de dix minutes sur les fameux Codonas, Swing High. On voit dans ce classique de l’aérien le célèbre trio de trapézistes à l’entraînement; le contexte nous paraît pittoresque, les commentaires devraient vous faire sourire. Autre classique disponible sur YouTube : The Circus de Charlie Chaplin, tourné en 1928.
Pour terminer, un clin d’oeil pandémique venu d’une Boîte à surprises pour les enfants, avec deux clowns québécois populaires dans les années soixante : Sol et Gobelet dans Le Maxicrobe. D’autres épisodes de ce classique duo sont disponibles gratuitement sur tou.tv.
Pour vos écrans, Cliquez cirque vous propose aussi des spectacles de cirque en ligne et des documentaires sur le cirque québécois.