Fin de saison boréale

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2 juillet 2019,

par Françoise Boudreault

Événement consacré aux cultures nordiques, Les Boréales doit sa pérennité, entre autres, à l’enseignement des langues Baltes à l’université de Caen, en France. Marquant la fin de l’automne, le festival comporte un volet littérature important et des activités sont aussi consacrées au cinéma, au théâtre, à la musique et au cirque.    

Les très nombreuses églises et cathédrales de Caen nous ramènent sans cesse au passé. Si certaines, comme l’église Saint-Pierre, se sont développées à l’époque de Jérome Bosch (1450-1516), elles n’auraient jamais requis les talents de ce dernier, car l’imagerie du peintre néerlandais a certainement fait grincer des dents de nombreux ecclésiastiques. Bosch Dreams des 7 Doigts figurait à la programmation des Boréales 2018 et y a reçu un chaleureux accueil du public. Autre spectacle avec des ancrages dans les siècles passés, notamment avec l’utilisation d’éléments d’armures moyenâgeuses dans les costumes, Épifónima a marqué les Boréales 2018.

Épifónima – Écriture de cirque genrée

Compagnie emblématique du nouveau cirque suédois, Cirkus Cirkör présentait en première française aux Boréales sa plus récente création 100 % féminine, au propos féministe et à forte théâtralité. Conçue et réalisée par Tilde Björfors, Épifónima met en scène sept femmes acrobates aux origines diverses. Une distribution revendiquée comme un geste politique en ces temps où se discutent les genres et leur présence en art et dans la société. Rappelons que les Québécoises votent depuis 1918 au fédéral et 1940 au provincial alors qu’en Suède, les femmes ont commencé à voter en 1921, il n’y a pas encore un siècle. Mais revenons à ce cirque écrit au féminin, de main de maîtresse. 

L’espace scénique d’Épifónima est encadré par des structures qui serviront pour l’accrochage d’appareils, arches métalliques rappelant l’architecture d’églises ou de cathédrales – si nombreuses et de stature imposante à Caen –, impression que vient accentuer la musique d’ouverture aux échos grégoriens, empreinte de solennité. La théâtralité est appuyée par les maquillages et le texte, qui passe de l’anglais, au suédois ou au français, interprété avec force et nuances, selon les tableaux. De rose et de rouge vêtues, les interprètes touchent à plusieurs disciplines en solo, duos, trios, quatuors : contorsion, roues Cyr dont une troisième se démantibule, équilibre sur cannes avec une entrée par le haut, mât, main à main, tissus aériens, cordes volantes avec portés, sans oublier l’acrobate capillotractée qui chante sur une musique céleste. La scénographie se transforme au long du spectacle et les acrobates grimpent dans ces structures qui se défont et s’abaissent dans une finale spectaculaire, métaphore du texte de la comédienne : il faut changer les structures des sociétés machistes ou phallocrates disent les féministes:..

Les paroles et la mélodie de la chanson finale, signée Rebekka Karijord et interprétée par la troupe, nous habitent encore après le spectacle : « Oh brother, oh father, oh friend, oh lover… »