L’Or Blanc – Visite rare et richesse partagée

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Ouverture de "L'Or Blanc" - Photo : courtoisie du Phare Circus
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Du de main à main dans "L'Or Blanc" - Photo : Richard Spiner
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Rola Bola et musiciens dans "L'Or Blanc" - Photo : courtoisie du Phare Circus
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La troupe de "L'Or Blanc" du Phare Circus - Photo : courtoisie du Phare Circus
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Équilibre sur cannes dans "L'Or Blanc" - Photo : courtoisie du Phare Circus
26 novembre 2023,

Françoise Boudreault

Au Cambodge, le riz est un aliment de base pour toutes les classes sociales. Fruit du travail des habitants, c’est un riz d’une grande qualité qui fait la fierté de tout un peuple. Monnaie d’échange, symbole d’abondance et de prospérité, il est souvent associé à des cérémonies et des traditions. Dans L’Or Blanc, il est le partenaire comme l’inspiration des artistes du Phare Circus. La TOHU accueille de la visite rare qu’il vaut la peine d’aller saluer.

Institution incontournable de la ville de Batambang, Le Phare Circus éclaire toute une communauté depuis 2013. Les artistes de la compagnies sont des étudiants ou diplômés du centre d’entraînement Phare Ponleu Selpak (« la lumière de l’art » en cambodgien), fondé, lui, en 1994 par des jeunes Cambodgiens de retour des camps de réfugiés après la chute des Khmers Rouges. Oeuvrant en développement communautaire, l’association offre une éducation académique gratuite, en plus de la formation acrobatique, musicale et théâtrale, à des jeunes défavorisés. Son engagement dans la vie sociale et culturelle du Cambodge touche 1 500 bénéficiaires.

En ouverture du spectacle, un artiste trace avec du riz sur le sol noir un grand cercle blanc autour duquel il ajoute des lignes droites ou courbes d’un geste sûr et des formes légères faites de petits points. Une œuvre éphémère fascinante à regarder évoluer. Deux acrobates arrivent et exécutent leurs sauts et figures en prenant soin de ne pas toucher ce beau dessin.

Arrive par la suite une charrette sur laquelle les musiciens jouent de plusieurs instruments acoustiques dont des percussions faites de fûts en plastique et d’un arrosoir. Sur le toit de cette charrette est installé le chevalet d’un artiste qu’on verra peindre et dont les toiles seront placées sur scène ou autour pendant le spectacle. Les costumes, blancs ou pâles pour la plupart, sont simples et ajoutent à une certaine pureté à l’esthétique, sobre et sans fioritures de L’Or Blanc qui met en valeur avant tout l’art et le talent. Les artistes ont une présence en scène souriante, sereine, juvénile, certains plus espiègles ou comiques que d’autres ; leur joie de vivre et leur enthousiasme nous touchent et leur énergie pétillante est contagieuse. Dans cette remarquable création, s’il y a beaucoup de riz et on rit aussi beaucoup.

Depuis sa création, L’Or Blanc tourne dans le monde et charme par sa fraîcheur, son approche multidisciplinaire contemporaine avec de solides ancrages dans la culture et la tradition cambodgiennes. Les acrobates assurent avec brio dans plusieurs disciplines : main à main et portés, équilibres, rola bola, banquine, bascule, jonglerie, manipulation d’objets associés au riz et mentionnons, entre autres, un double salto à la barre russe.

La visite du Phare Circus à Montréal a donné lieu à de beaux moments comme cette activité après spectacle lors de la deuxième représentation de L’Or Blanc. Une discussion entre les artistes et le public avait lieu avec un interprète qui traduisait du cambodgien au français et vice-versa. Les artistes de Batambang ont échangé avec le public de la TOHU et les montréalais d’origine cambodgienne, en grand nombre dans la salle ce soir-là. Un événement similaire a lieu ce dimanche après la projection du film Cirque du Cambodia au cinéma Beaubien. On voit dans ce film que des liens entre le Québec et le Phare Circus existent déjà puisque deux diplômés de l’École nationale de cirque proviennent de cette institution cambodgienne.

Rendez-vous culturel à ne pas manquer, L’Or Blanc est certes une richesse du Cambodge et propose la rencontre d’une culture circassienne qui côtoie d’autres arts, notamment avec cet usage inusité des tableaux qui font l’apologie de la vie de Bouddah. Deux d’entre eux sont peints pendant la représentation, et à la fin, neuf toiles sont réunies, la dernière ajoutée aux autres par un acrobate en point final du spectacle. Comme le riz, le Phare Circus fait la fierté des cambodgiens et le délice des amateurs de cirque avec L’Or Blanc.