Ouverture en grand de Montréal Complètement Cirque – « The Pulse » : choeurs battants

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La troupe de Gravity & Other Myths pour "The Pulse" - Photo : JF Savaria
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La troupe de Gravity & Other Myths pour "The Pulse" - Photo : JF Savaria
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La troupe de Gravity & Other Myths pour "The Pulse" - Photo : JF Savaria
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La troupe de Gravity & Other Myths pour "The Pulse" - Photo : JF Savaria
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La troupe de Gravity & Other Myths pour "The Pulse" - Photo : JF Savaria
7 juillet 2023,

Françoise Boudreault

Pour sa quatorzième édition, Montréal Complètement Cirque offre une programmation qui se déploie dans toute la ville. Le festival commence en grand avec The Pulse, de la compagnie australienne Gravity & Other Myths, excellente production de grande envergure créée en pandémie, comme un pied de nez à la paralysie qui frappait alors les arts vivants.

Les artistes entrent en marchant sur scène, un·e par un·e, jusqu’à ce que les 36 chanteuses et les 24 acrobates y soient tous, tels deux choeurs de différentes natures. Ça fait cinq douzaines d’humains ça ! S’enchaînent ensuite des séquences où s’érigent des figures saisissantes. De l’ascension à la chute, de la lumière à l’obscurité, le spectateur est tenu en haleine et applaudit souvent, ébloui par la virtuosité et le spectaculaire. Le nombre d’interprètes permet des mouvements d’ensemble impressionnants et multiplie les figures et leurs possibles combinaisons, comme des colonnes à deux ou à trois qui se déplacent, et même une colonne à quatre…

Après un interlude sans le choeur, avec musique techno et quelques solos sur fond de simples roulades arrières au ralenti et pourtant fascinantes, la dernière partie du spectacle offre des séquences acrobatiques plus longues et davantage dans le mouvement avec notamment des colonnes à deux qui tournent et dont le porté devient porteur en tenant un·e troisième partenaire. Aucun appareil dans The Pulse. L’acrobatie se conjugue avec la dynamique de confiance entre les acrobates et le langage des corps : main à main, portés, banquine, danse. La scénographie est constituée de câbles tendus, manipulés à certains moments par les artistes, rappelant les lignes de lumière dans les faisceaux de l’éclairage, qui joue un rôle important dans le spectacle. Les chorégraphies acrobatiques, très précises et organisées, contrastent avec certains moments plus anarchiques ou décontractés, quand les acrobates vont dans la salle pour ajouter des câbles à la scénographie, par exemple.

The Pulse témoigne de la rencontre de deux cultures : celle de la latine Catalogne et de l’anglo-saxonne Australie qui s’enrichissent mutuellement, une symbiose corps et voix illustrée avec une grande sensibilité par les improvisations vocales de Buia Reixach pendant une suite de solos acrobatiques et dansés. L’oeuvre incarne aussi la force du groupe et l’irrépressible désir de création des artistes.

Certaines partitions vocales empreintes de solennité s’accordent avec le sérieux des acrobates quand ils se concentrent pour s’exécuter avec prestance. Cependant, les interprètes sont généralement souriant·e·s et la mise en scène de Darcy Grant n’a pas négligé l’humour. Les choristes, vêtues de noir et plus discrètes, se répartissent la plupart du temps autour de l’aire de jeu des acrobates, ce qui ne les empêche pas de danser sur place quand le rythme de la musique les emporte. Les accents parfois célestes du Chœur de filles d’Orfeó Català donnent un supplément d’âme à cette proposition circassienne rare et remarquable, à voir sans hésitation pendant le festival.

Si les effets du bouche à oreille se mesurent à l’enthousiasme du public présent lors de la première, les billets vont s’envoler comme des petits pains chauds ; dépêchez-vous d’acheter les vôtres !