Survol de festival # 1 – « The Genesis », « La Noce d’Alfonse », le « Cabaret du jugement dernier » et « Rollercoaster » à Montréal Complètement Cirque

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Nathalie Maillé (CAM), Véronique Fontaine (CALQ), Laurie-Anne Langis et Frédérique Cournoyer Lessard lors de la remise du Prix du CALQ pour la meilleure oeuvre circassienne à la TOHU - Photo Cliquez cirque
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Véronique Fontaine (CALQ), Nathalie Maillé (CAM), Antoine Carabinier Lépine, Gonzalo Coloma et Alice Kop lors de la remise du Prix Propulsion 2025 à La compagnie des autres. - Photo Cliquez cirque
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Le Copenhagen Collective dans "The Genesis" - Photo JF Savaria
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Le Copenhagen Collective dans "The Genesis" - Photo JF Savaria
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Josianne Laporte, Claire Hopson, Robert Abubo, Jonathan Casaubon et Antoine Carabinier Lépine dans "La Noce d'Alfonse" - Photo JF Savaria
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Antoine Carabinier Lépine et Geneviève Morin dans "La Noce d'Alfonse" - Photo JF Savaria
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Wes Peden dans "Rollercoaster" - Photo Fahimeh Hekmatandish
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Wes Peden dans "Rollercoaster" - Photo Florence Schroeder
15 juillet 2025,

Françoise Boudreault

La programmation de cette 16e édition du festival MONTRÉAL COMPLÈTEMENT CIRQUE (MCC) – la première de la nouvelle codirection de la TOHU formée de Pascale Bélanger et de Benoît Mathieu – proposait des spectacles en salle provenant du Danemark, du Royaume-Uni et des États-Unis. Le Québec occupait une place de choix avec le Cirque Alfonse, FLIP Fabrique, Le Monastère, L’Aubergine et les Sœurs kif-kif. Sous le soleil ardent de Montréal, la présence des Castellers catalans de la Vila de Gràcia à Barcelone a apporté un vent de fraîcheur. Le grand public a fortement apprécié les pyramides humaines de cette spectaculaire tradition originaire de Tarragone. Les artistes émergents ont aussi participé au festival dans les deux programmes de L’Autre cirque ou encore lors d’activités gratuites pendant La Rue complètement cirque ou à Cirqu’Easy, sans oublier la tournée des quartiers dans huit arrondissements de Montréal avec Le Pyjama du chat des Productions Realiva et les animations du Moulin à vent. Événement important du festival, le Carnaval de cirque social était présenté dans Hochelaga en collaboration avec le cirque Hors Piste.

Deux prix en cirque

Le festival MCC, a débuté par une remise de prix en cirque, tout juste avant la présentation du spectacle d’ouverture. Pour la deuxième année, le Conseil des arts de Montréal (CAM) remettait son Prix Propulsion en collaboration avec En Piste, regroupement national des arts du cirque. La compagnie des autres a été proclamée gagnante et Alice Kop est venue recevoir le prix. Elle était accompagnée d’Antoine Carabinier Lépine et de Gonzalo Coloma, respectivement cofondateur et administrateur de cet organisme dont les actions de soutien, d’accompagnement et de promotion dynamisent le milieu des arts du cirque depuis 2020. Les trois autres finalistes pour cette distinction étaient Le Festival des Clowns de Montréal, Le Mobile de la compagnie La marche du crabe et Barka de la compagnie Girovago. Rappelons que c’est Acting for Climate Montréal qui a mérité le Prix Propulsion l’an dernier.

Pour une première fois, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), en partenariat avec En Piste, remettait un prix en arts cirque. Le Prix de la meilleure œuvre circassienne du CALQ a été attribué à SCUSE, de Frédérique Cournoyer Lessard qui est montée sur scène chercher son prix en compagnie de la chorégraphe et dramaturge Laurie-Anne Langis, importante contributrice à cette création. Les deux autres finalistes étaient Grand-Mess’ de Machine de cirque, compagnie basée à Québec, et Play Dead du collectif montréalais People Watching.

Ces prix marquent un jalon important dans la croissance et la reconnaissance des arts du cirque au Québec. En plus de donner un coup de pouce financier aux gagnantes avec une bourse de 10 000 $, ils donnent une visibilité à tous les finalistes. Le Prix Propulsion et le Prix du CALQ pour la meilleure œuvre circassienne valorisent la contribution d’artistes et de travailleurs talentueux à la vitalité et au développement du cirque actuel.

The Genesis – La prise de risque du Copenhagen Collective

Dans un contexte de précarité des arts vivants, le festival MCC offre une programmation réduite. Mais heureusement, pour cette 16e édition, le spectacle d’ouverture du festival comptait un nombre important d’acrobates : le Copenhagen Collective a cassé la baraque avec 17 artistes provenant d’une quinzaine de pays, prouvant ainsi la vitalité d’un cirque dont l’ADN est inclusif depuis toujours.

Spectacle enlevant, The Genesis parle de confiance mutuelle et met en relief la prise de risque. La fébrilité des acrobates était palpable et le public a pu apprécier comment la troupe a développé certains réflexes pour le rattrapage de chutes. Comme on l’a vu auparavant à la TOHU avec le magistral Laissez porter de la Compagnie XY de France en 2009 ou, plus récemment, en 2023, avec l’Australienne Gravity and Other Myths et son inoubliable The Pulse accompagné des voix d’un chœur féminin catalan, les créations avec une vingtaine d’acrobates au sol sont impressionnantes. Dans cette veine, le vocabulaire chorégraphique du Copenhagen Collective se décuple et donne lieu à des moments à couper le souffle. Dans The Genesis, les portés, pyramides, colonnes à deux, à trois et à quatre, sauts, envols, rattrapes, duos, banquine et autres acrobaties sans agrès concentrées sur les atouts du corps humain, nous ramènent au sentiment de communauté et de solidarité, générateur d’un pouvoir dont nous avons grandement besoin par les temps qui courent.

La Noce d’Alfonse – Cirque fleuri et authentique

La première de cette plus récente création du Cirque Alfonse a eu lieu pendant le festival Bastringue. Vu sous chapiteau à Joliette dans une ambiance festive, le spectacle mis en scène par Alain Francoeur puise dans la culture québécoise un brin folklorique pour nous parler d’amour, de vie à deux et de la célébration du mariage à laquelle toute la famille est conviée. La quinzaine d’artistes en scène inclut quatre enfants et les acrobates sont aussi chanteurs, danseurs ou musiciens.

Avec sa fanfare entraînante qui ouvre le spectacle, La Noce d’Alfonse surprend avec plusieurs nouveautés circassiennes pour la troupe d’Alfonse. Parmi celles-ci, une succession de cupidons à la planche coréenne qui lancent des flèches sur une cible pendant l’exécution de leurs saltos ou ce duo féminin aérien avec baudriers et câbles qui évoque le Kamasutra. Servant traditionnellement à soulever des objets lourds, la mâchoire de fer est ici utilisée en duo et en contrepoids, ainsi qu’à la suspension du corps humain, illustrant l’interdépendance et l’interaction du couple formé de Geneviève Morin et Antoine Carabinier Lépine, ce dernier jouant de l’accordéon pendant le numéro. Métaphore de la vie à deux, les traversées sur fil de fer ont laissé le public haletant. Fidèle à ses racines québécoises, c’est au rythme de chansons et musiques traditionnelles arrangées et adaptées par David Simard que le Cirque Alfonse entraîne dans sa nouba les spectatrices et spectateurs qui, au moment d’un joyeux train dansant, montent même sur la scène de la TOHU. Le Cirque Alfonse accueille trois nouvelles recrues : le guitariste Colin Savoie Levac, Robert Abubo et Claire Hopson qu’on voit dans un remarquable numéro de sangles aériennes. Création foisonnante à voir, La Noce d’Alfonse possède une signature unique et authentique et prendra l’affiche au Diamant de Québec du 18 au 30 décembre prochain.

Le Cabaret du jugement dernier par le Monastère – Panache et originalité

Valeur sûre du cirque Montréalais, Le Monastère colore avec panache la programmation du festival MCC avec un cabaret où tous les numéros sont excellents et chacun d’eux se distingue par une touche d’originalité. Rappelons que, depuis 2022, le concept du Cabaret du jugement dernier intègre un jury, formé de professionnels circassiens, qui attribue trois prix – les Calices d’or, d’argent et de bronze – tandis que le vote du public en détermine un quatrième.

Le rôle de maître de cérémonie a été confié à Hippolyte, un circassien aux multiples talents qui s’est même promené sur échasses à travers le public – une première au Monastère – pendant son animation. La mouture 2025 de ce cabaret festivalier débutait en force par un solide duo au mât chinois, formé de Ohtocani Álvarez et Karina Schiller qui ont insufflé à la soirée leur énergie ludique et souriante. Fenja Barteldres a suscité l’étonnement avec son numéro de roue Cyr qui se déglingue et dont elle utilise avec maîtrise les différents morceaux. En passant, cette Allemande a participé au MICC avec un extrait de son spectacle d’une heure et espérons la voir programmée dans les parages avec son approche originale d’un appareil bien connu ici. Mentionnons aussi les lignes chorégraphique particulières du Québécois Thomas Parent dans ses équilibres sur cannes, la jonglerie toujours élégante et agile de Bekka Rose ou l’original numéro de cerceau aérien de Yves Artières.

Pour le dessert de ce cabaret estival, le formidable numéro de main à main créé par Agathe et Adrien a ébloui les spectateurs et spectatrices a gagné le coup de cœur du public de ce Cabaret du Jugement dernier. Les trois prix du jury sont allés au duo Ohtocani et Karina, pour le Calice d’or, à Fenja Barteldres pour le Calice d’argent et à Yves Artières pour celui de bronze.

Rollercoaster de Wes Peden – Jongler dans la joie

Vu en première québécoise sous le chapiteau du festival Bastringue à Joliette fin juin, Rollercoaster convenait parfaitement à la Maison Théâtre. Sur un plateau mettant en valeur les éclairages et où le jongleur pouvait donner de l’élan à ses mouvements, Wes Peden a livré un spectacle époustouflant sur le thème des montagnes russes. Figure iconique du jonglage contemporain, on a vu Wes Peden au festival MCC comme artiste invité dans Spring de Gandini Juggling en 2019. Il revient avec un spectacle en solo qui tourne à travers le monde depuis 2022. Passant souvent du simple au complexe, Rollercoaster évoque la sensation forte, la gravité, la vitesse, l’anticipation pendant un attente montante et le cœur qui bondit pendant un trajet en montagnes russes. Une bande sonore en français présente le créateur du spectacle, son lien avec son manège préféré, nous rappelle certains faits historiques et présente même une sorte de mémorial pour des montagnes russes célèbres qui n’existent plus.

Rollercoaster explore diverses avenues de la manipulation et de la jonglerie avec un important travail de mouvement. Quand Wes Peden ne peut s’empêcher de manipuler même les débarbouillettes avec lesquelles il s’éponge, parce que ce dynamique artiste ne se ménage pas, on comprend bien que nous avons affaire à un artiste qui assume un besoin irrépressible de s’exprimer avec des balles, des quilles ou d’autres objets inusités. Il déplace prestement trois formes courbes gonflables de son décor, plus grandes que lui. Wes Peden aime les couleurs et les textures variées, comme des balles ou des paniers en peluche, qui évoquent à la fois la douceur et la vivacité. Le tableau avec une série de séquences à cinq quilles est particulièrement délectable et constitue l’un des moments forts du spectacle. En bonus, c’est avec une joie communicative que Wes Peden évolue dans son univers scénique riche et ludique. Rollercoaster constituait l’un des incontournables du festival avec un jongleur génial, inventif et virtuose avec ses montagnes russes colorées, énergiques et poétiques.

La suite du festival fait une place de choix aux artistes émergents et aux productions circassiennes à voir en famille. À suivre…

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