Françoise Boudreault
Si on survole l’offre de cirque à Montréal du 10 au 17 novembre, on compte au moins sept spectacles dans divers lieux. Cliquez cirque en a vu trois. Cette même semaine, la compagnie lauréate du prix de la meilleure tournée internationale du CALQ, le Patin Libre, terminait une représentation gratuite de Murmuration par une soirée patinante et dansante, le 15 novembre dans Hochelaga, et le surlendemain la compagnie présentait sa création avec quinze patineurs et patineuses à Montréal-Nord. Trois compagnies circassiennes québécoises figuraient au programme de la biennale CINARS : People Watching et son fascinant Play Dead, Agathe et Adrien et leur instructif duo N.Ormes ainsi que FLIP Fabrique et Ex Machina qui revenaient dans le ring avec SLAM !
Le cabaret du jeudi au Monastère
Pendant l’entrée en salle, la scène du Monastère s’anime déjà : des élèves de l’École nationale de cirque de Montréal se livrent à un exercice public. Sous la houlette de Renald Laurin, ils improvisent à partir de consignes préalablement définies. Un bonne occasion pour ces jeunes de se faire connaître et d’expérimenter un certain genre de performance devant public.
Le Monastère fête ses huit ans avec son Cabaret de novembre animé par Aaron Marquise, un hôte clownesque carburant au rapport avec le public qu’il harangue ou auquel il riposte à coup d’exclamations moqueuses. Une autre belle soirée au Monastère avec, entre autres, l’exceptionnelle Robyn Haefeli à la roue Cyr ou le numéro original de Manuel Martinez Silva qui évolue surtout dans le haut de son tissu aérien. Mentionnons aussi le trio de haut calibre formé de Maxime Blanckaert, Zoé Sanscartier et Max Yentin à la banquine et au main à mai, ainsi que le numéro, idéal pour un cabaret, d’Aubin Constanceau alias Dany de Vine où se côtoient humour, divination et prouesses aux sangles aériennes. Le prochain Cabaret du Monastère aura lieu en mars 2025, un rendez-vous à ne pas manquer.
Le Collectif 4237 du vendredi
Sur le plancher, sept survêtements blancs pliés devant lesquels une ou deux quilles attendent sagement. Entre en scène un jongleur qui se déplace avec une balle blanche en équilibre sur sa tête. Comme les autres artistes qui le rejoignent, il s’habillera de blanc mais moins facilement. Pour cette première présentation publique à la Maison de la culture Mercier, LABO débute gaiement par les interprètes qui disent « Labo » sur différents tons, parfois en transportant d’un côté à l’autre de la scène des morceaux d’une roue Cyr, dont on verra deux spécimens pendant le spectacle. La jonglerie, le main à main, les équilibres, la suspension capillaire, la contorsion, le cerceau aérien, les patins à roues alignées et le jeu comique constituent les autres éléments circassien de cette création du Collectif 4237 qui suscite les réactions spontanées des enfants autant que des adultes. Le projet a bénéficié de la précieuse collaboration de Didier Lucien aux conseils dramaturgiques et Sylvain Bouillère en assure l’écriture originale et la direction artistique. Avec ses uniformes blancs rappelant plusieurs métiers et qui renforcent l’idée d’appartenance à un groupe autant qu’une certaine uniformisation sociale, LABO exprime aussi la volonté d’affirmer son identité individuelle. Un spectacle de cirque tout public à surveiller pendant la prochaine année.
La TOHU du samedi
Beaucoup de familles dans le hall de la TOHU pour Duel Reality : au jeu comme en amour des 7 Doigts. À l’origine conçu pour des croisières, le spectacle mis en scène par Shana Carroll a fait l’objet de distributions différentes depuis ses débuts. Rappelons qu’il a obtenu le Séoul Arts Award jours après sa première, en août 2023. La formule de Duel Reality requiert la participation des spectateurs et spectatrices qui deviennent les supporteurs des rouges ou des bleus, dépendant de quel côté de l’aire de jeu est situé leur siège. Les membres des deux équipes rivales se provoquent et prennent le public à parti, ils rouspètent, ils miment des comportements agressifs et leurs combats se font en mode acrobatique. L’arbitre qui règle la compétition rappelle la LNI ou LIC et son numéro de diabolo est tout simplement époustouflant. Comme dans le Roméo et Juliette de Shakespeare, un drame amoureux est au cœur des conflits entre les deux familles/équipes ennemies. Tous les ingrédients sont là pour une production réussie qui gagne son public : interprètes charismatiques, haut niveau technique, chorégraphies acrobatiques élaborées et, en fin de parcours à Montréal, un rythme enlevant. Avant sa tournée en France et aux États-Unis en 2025, Duel Reality jouera au Diamant de Québec du 21 au 23 novembre prochain.